Stage de 5 à 6 mois A MADAGASCAR
Dans le cadre d’actions pilotes de reboisement et de valorisation des collines dénudées, menées avec des familles paysannes dans le sud-est de Madagascar
Pays : Madagascar
Organisation : Inter Aide (www.interaide.org)
Durée: 5 mois minimum
Ce stage de terrain sera mené en collaboration avec les équipes d’inter aide à Madagascar et un(e) volontaire du service civique, avec un co-encadrement du siège d’inter aide.
CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Certaines communes du sud-est de Madagascar offrent un paysage de vastes collines dénudées sur lesquels brûlis et écobuages pastoraux se sont succédés. Dans de nombreuses zones, ces pratiques ont ainsi abouti à une disparition quasi totale des arbres et une détérioration radicale de la fertilité des sols, que seules colonisent aujourd’hui des savanes herbeuses. Il s’agit d’un paysage inattendu en climat tropical humide, dans une région où poussait autrefois une végétation arborée dense et variée.
Parallèlement, la demande en bois d’œuvre et en combustible ne cesse de croître à Madagascar, soutenue par une forte croissance démographique et une raréfaction des surfaces boisées naturelles. Les effets de la déforestation se font également ressentir sur les sources qui alimentent les rizières irriguées, vitales pour les familles.
Dans ce contexte où l’essentiel de l’activité agricole s’est graduellement concentré dans les bas-fonds, l’action pilote menée par Inter Aide s’attache à stimuler les pratiques de plantation pour le reboisement et la valorisation des collines improductives. En s’appuyant sur des groupes lignagers (« tranobe ») traditionnellement propriétaires de ces terres, Inter Aide expérimente des solutions pour répondre à la fois aux contraintes environnementales et aux préoccupations des ménages pour leurs besoins en bois (essentiellement en bois d’œuvre). La recherche de ces solutions s’appuie sur une prise en compte des contraintes foncières[1], organisationnelles et techniques (Cf. description en annexe) afin de poser les bases d’une gestion durable de ces nouvelles ressources.
Ce stage s’inscrit dans une démarche d’inter aide visant à approfondir la compréhension du contexte de son intervention et d’améliorer la qualité des solutions proposées au regard des contraintes des familles paysannes. Il s’agit de mieux documenter les causes qui ont mené à cette situation, et parallèlement, mieux connaître les besoins en bois des familles et les stratégies mises en place pour y répondre. A travers la réalisation d’enquêtes et d’études comparatives, il s’agira également de mesurer et analyser les effets (actuels et escomptés) des actions sur le plan économique, environnemental, social et foncier, et de mettre en perspective les possibilités d’extension. Enfin, ce stage devra apporter des éléments de réflexions et de mise en perspective des activités et apporter des appuis aux équipes pour améliorer et diversifier les solutions proposées ainsi que leur suivi.
DESCRIPTION DE LA MISSION
La mission du ou de la stagiaire s’articulera autour de 4 thèmes principaux :
- La compréhension et description des causes de la déforestation dans la zone et l’analyse des besoins en bois des ménages
A travers une étude de la bibliographie et la rencontre de différents acteurs (paysans ; anciens, chercheurs,…).
Une première partie sera consacrée à la réalisation d’un historique présentant les étapes qui ont mené à la déforestation de la zone et décrivant l’ampleur de la déforestation dans la région.
Elle intègrera une description de la perception des familles paysannes par rapport à la problématique : comment cette déforestation et ses conséquences sont-elles perçues par les populations locales? Quelles ont été les éventuelles initiatives antérieures de reboisement (avec ou sans intervenant extérieur) et la perception des familles des résultats obtenus, quels problèmes rencontrés (foncier, cout d’opportunité, dégradation, feu…)?
Quelles sont les contraintes et problèmes perçus liées à la déforestation (accès aux produit ligneux, « services environnementaux » …) ? Il/elle se penchera également sur une analyse des besoins des ménages en bois (bois d’œuvre, bois de chauffe, charbon), les stratégies mises en place par les familles pour y répondre.
Enfin, cette partie fournira également une présentation du cout local actuel du bois dans les zones concernées (en numéraire et/ou en journée de travail) et s’attachera à répertorier les variétés d’arbres valorisées autrefois et actuellement en fonction de leur disponibilité.
- La réalisation d’études comparatives de cas sur les parcelles reboisées
A travers la réalisation de plusieurs études de cas, cette partie de l’étude se concentrera sur une description des activités mises en place au cours des 3 dernières années et une analyse comparatives des résultats obtenus. La réalisation d’au moins 9 cas d’étude est ainsi envisagée de la manière suivante:
- 5 cas d’étude dans les zones où une approche plus intensive a été mise en place dans l’objectif de densification / couverture maximale, avec la provision de primes (3 communes dans le district de Mananjary et Manakara et une commune rurale dans le district de Farafangana). Les essences plantées sont essentiellement l’Acacia mangium et une variété de Corymbia
- 1 cas d’étude concernant des tests de semis direct sans trouaison préalable.
- 2 cas d’étude dans des zones à travers les activités du programme agricole d’Inter Aide qui ont porté sur une approche plus extensive, en encourageant les familles à créer de petits lots forestiers sans prime (principalement Corymbia).
- 1 ou deux cas d’étude concernant une plantation individuelle.
Ces études comparatives porteront notamment sur le niveau de croissance et taux de survie entre les parcelles en fonction de l’âge des plantations, des techniques de plantations utilisées, des périodes de semis, du type d’essences; sur l’entretien des parcelles et sur l’adoption des pratiques (est-ce que des familles ont ensuite pris l’initiative de planter des arbres?). Les difficultés rencontrées et les dangers potentiels (feux, dégradation…).
Il s’agira également d’apprécier dans quelles mesures ces plantation permettront de répondre aux besoins et aux attentes des familles, et de mettre en exergue des avantages et des limites de l’approche et des techniques préconisées. Il s’agira en particulier d’approfondir la réflexion menée par l’équipe sur les avantages/difficultés du reboisement en groupe et individuel (pour l’entretien de la plantation et sa gestion ultérieure)
Il s’agira également de documenter des « cas de maîtrise du feu par les communautés/ ou à une échelle inter communales » et « cas de NON maîtrise » afin de donner des clés de diagnostic rapide/participatif » qui permettraient de prioriser des zones à reboiser/ de mieux cibler les communautés favorables,…
Ce travail tentera de mettre ainsi en perspective les effets escomptés au niveau écologique, économique, social et foncier en se référant à des travaux scientifiques (revue bibliographique) d’autres acteurs (Nitidae) etc..
- Ecologique: effet sur le sol; ruissellement; biodiversité;
- Concernant la fixation de carbone (utilisation d’outils de type EX-ACT).
- Economique (essentiellement à travers la valorisation du bois…)
- Social (effets perçus par les familles impliquées) et foncier (groupes traditionnels « tranobe » transformés en « associations ou COBA », sécurisation foncière, modes de gestion mis en place et envisagés…)
Une analyse du potentiel et des perspectives possibles ainsi que des risques et opportunités sera également réalisée avec l’équipe. Le/la stagiaire tentera d’apporter une réflexion sur la pertinence de l’approche mise en place au regard des travaux d’Elinor Ostrom sur la gestion des communs et de poser un regard sur l’efficience de l’approche développée, ainsi qu’une appréciation des chances de durabilité des changements et des effets potentiels.
- La recherche d’autres essences pouvant être semées directement sur place et d’autres pratiques (techniques / organisationnelles) à expérimenter
A travers les échanges avec les équipes et les familles paysannes ainsi que des contacts pris avec d’autres acteurs à Madagascar disposant d’une expertise dans le domaine du reboisement, le/la stagiaire participera à l’identification:
- D’autres essences potentiellement utilisables pour le reboisement (y compris des espèces natives) adaptées pour ce type de sol, et à la technique de semis direct (éventuellement après pré-germination des semences), et présentant un intérêt au regard des besoins des familles. Lié à cela, il s’agira d’aider les équipes à identifier des sources fiables pour l’approvisionnement en semences [2]
- Des pratiques en matière de reboisement, de multiplication végétative, de restauration de la fertilité, ou d’organisation pour la gestion des parcelles boisées méritant d’être expérimentées dans la zone.
- Des possibilités de diversifier les productions (intégration de productions fourragères, mise en place d’associations en sous-bois…)
- D’éventuels outils de suivi ou de références bibliographiques pour la formation des équipes
- L’appui à la mise en place d’outils adaptés de collecte de données et de suivi cartographique des parcelles ainsi que de supports didactiques
Il s’agira avec les équipes et le/la VSC de participer au travail visant à répertorier l’ensemble des parcelles collectives de reboisement, et d’améliorer un outil permettant de faire une collecte de données (type suite ODK… ) et un suivi cartographique des parcelles reboisées disponible en ligne et pouvant être facilement mis à jour par les équipes.
Le/la stagiaire participera également avec les équipes à la réflexion sur les moyens d’animation des communautés paysannes et acteurs locaux et pourra appuyer les équipes par la réalisation de supports ou l’organisation de formations adaptées.
PRODUITS ATTENDUS
Ce stage aboutira à la rédaction d’un rapport de stage incluant une revue bibliographique ainsi que de petites notes synthétiques illustrées sur les différentes thématiques (présentation de l’approche, résultats actuels et potentiels, techniques, essences, cas d’étude…). Ces produits devront être validés dans un premier temps sur le terrain par les principaux acteurs concernés, puis par le chef de secteur et le Chargé de capitalisation basé à Versailles.
ENCADREMENT et collaboration
Le ou la stagiaire devra montrer un niveau d’autonomie important. Il collaborera avec les équipes de terrain et le/la Volontaire du service civique.
Il/elle sera en lien direct avec le chef de secteur et le chargé de capitalisation (basés en France) avec lesquels il/elle devra communiquer régulièrement pour discuter des avancées du stage (et de son éventuelle orientation) et présenter les résultats intermédiaires.
LOCALISATION
Villes de Manakara et Farafangana avec de très nombreux déplacements sur les terrains d’intervention. Il sera nécessaire de prévoir des périodes de séjour dans les zones d’intervention en fonction des besoins de l’étude (nuités en en brousse dans des conditions très rustiques) ; ainsi que d’éventuels déplacements dans d’autres zones du pays pour visiter et documenter des expériences mises en place par d’autres acteurs.
LANGUES PARLÉES : français (langue de travail avec les équipes), un traducteur-enquêteur sera mis à disposition du stage pour les entretiens terrains avec les familles paysannes et afin de conduire des enquêtes complémentaires.
CONDITIONS
- Gratification de stage légale française (stage de plus de 2 mois), soit environ 600 euros/ mois. Cette gratification permet de couvrir l’ensemble des frais sur place y comprit hébergement.
- Prise en charge du billet d’avion AR.
PROFIL SOUHAITE
- Stage de fin d’étude de niveau Master / ingénieur de formation scientifique en agroforesterie / gestion des ressources naturelles…
- Bonnes capacités rédactionnelles ; rigueur, capacités d’analyse
- Volonté de faire du terrain (marche à pied…), capacité d’adaptation rapide (zone rurale isolée)
- Ecoute, ouverture à d’autres cultures, autonomie, indépendance
PROCESSUS DE SÉLECTION
CV et lettre de motivation sous la référence « Stage/ Arbres Mada » sont à envoyer dès à présent à interaide@interaide.org
La sélection des dossiers se fera au fur et à mesure de leur réception.
Date de prise de poste souhaitée : A Madagascar à partir de janvier 2019 avril 2019 au plus tard- (un travail préparatoire au stage en cours de cursus avant départ pouvant être apprécié).
Date limite pour la présentation de la candidature : 30 novembre 2018
[1] Voir à ce sujet la note réalisée sur le foncier en milieu rural à Madagascar:
http://www.interaide.org/pratiques/content/note-sur-le-foncier-en-milieu-rural-madagascar
[2]Voir à ce sujet (avec d’autres éléments de bibliographie qui seront fournis): SNGF http://sngf-madagascar.mg/wp2/ )https://www.researchgate.net/publication/268034858_Production_de_semences_pour_les_reboisements_malgaches)